Je marche, seule... Enfin, seule... C'est un bien grand mot. Mon esprit me tient bien compagnie mais, si vous voulez mon avis, il n'est pas d'une conversation très passionante. Alors autant dire que je suis seule et que je marche, d'un pas lent, silencieux et rappelant ceux des chats.
Il parait que toutes les histoires commencent comme cela, par un évènement banal et sans intérêt. Pourtant, l'histoire (mon histoire, je veux dire), je l'ai déjà vécu. C'est vrai, la fatalité ne me permet pas d'oublié cette réalité non moins troubles: je suis morte.
Vous trouverez sûrement cela étrange, venant de moi qui suis d'ordinnaire quelqu'un qui ne s'attarde pas sur ce genre de détails, mais je vous l'avais dit, mon esprit n'est pas doté d'une conversation enrichissante. La faute à qui après tout? Ce n'est pas moi qui est choisit d'être morte? Ce sont ceux que j'appelle à présent mes semblables qui m'ont tué. Dieux, que je suis fière d'être à présent de leur "race".
C'est affreux mais avant, je ne croyais pas aux histoires de fantômes. Pas plus qu'aux anges, au diable, au paradis ou à l'enfer... Ma mère me reprochait d'être une mauvaise croyante, de ne pas croire assez. Aujourd'hui, j'ai beau être de ceux qu'on appelle en pointant du doigt "les morts vivants", je ne crois toujours pas... Les anges, comme les décrivent la bible, sont bien loin de la réalité, alors pourquoi croire des mensonges?
Mensonge. C'est exactement ce que mon esprit passe les trois quart du temps à inventer. Pourtant, que je sache, je n'ai jamais eut à changer de nom pour préserver l'anonymat, comme le font les super-héros de ces mauvais films d'action américain. Bref, je suis morte, pourtant je marche seule dans la nuit, longeant les quais de Paris, avec mon nom originel. Après tout, qui ici se souviens de la jeune Abbygail Kennedy? Personne, évidement. Tout le monde a oublié, parce que les décès par assassinat que la police range dans un joli dossier marron sur lequel on peut lire en lettre d'imprimerie d'un noir gras "Affaires classées", ça s'oublie vite... Et les Parisiens ne sont pas du genre à faire des recherches inutiles sur les gens. On leur donne un nom et un prénom et ils s'en vont, contents, s'en se posés de question. Au pire, si par mauvaise fortune, je rencontre un fouineur, j'ai bien des moyens de m'assurer qu'il ne parlera pas, si vous voyez ce que je veux dire.
Mais non, c'est évident, vous ne voyez pas. Vous ne pouvez pas comprendre puisque vous êtes en vie, vous avez une famille, des amis, un travail, et votre coeur bas dans votre poitrine... Votre coeur... Votre pauvre coeur qui tiens malgré tout. Mais combien de temps tiendra-t-il encore? Une nuit? Une heure? Un jour? Une semaine? Un mois? Un trimestre? Une année? Une décinie? Combien de temps?
Je pourrais continuer dans ma lancer en vous insunant de doute sur les critères de votre future mort mais, je vous le dis, la question "comment?" ne m'intéresse guère. J'ai plus tendance à penser aux conséquences... Le "comment" viens ensuite de lui même, sans qu'il y ait à le mentionner.
Mes pas me mènent jusqu'a un banc, ce qu'il y a de plus normal, évidement. Bref...Je m'assois, me laissant gracieusement tombé sur l'objet, apuyant mon dos contre le dossier.
C'est alors que les premières gouttes de pluie commencent à se manifester. Alors, je ferme les yeux et je reste là à attendre le déluge. Je suis comme cela, la pluie m'a toujours facsiné... Et ce ne sont pas quelques gouttes d'eau qui vont abîmer mon joli visage. Bon, d'accord, mon mascara risque de fondre... Mais il faut savoir prendre des risques dans la vie.
Des risques, autant dire que j'en prends tout les jours, vu ma nature de vampire... Mais qu'importe, j'aime ma vie. Je m'aime. C'est le plus important non?
Ainsi, j'étais assise là, seule, regardant les gouttes d'eau tomber sur la Seine, alors que le crépuscule laissait place à la douceur de l'obscurité et de la nuit.