L'arrivée de l'aîné [LIBRE]

Juste le temps de... Enfin juste encore un peu... Je sens ce goût si âpre... Il coule dans ma bouche, sur mes lèvres, le long de mon menton... Ce liquide magnifique qui me permet de vivre... De garder cette finesse, cet état... Le sang... Légèrement velouté, tout juste à la limite du s^pportable... Mais alors que doucement mes lèvres de vampires, si fines et douces soient elles, quittent la peau du cou de ma victime, je ne peux garder un frémissement... C'est devenu tellement facile... En un clin d'oeil la proie s'offre à vous de son plein grès... Ma langue effleure une goutte de ce liquide qui s'évade de mes lèvres et après avoir coulé le corps de ma proie, je passe ma chemise pour ensuite me diriger versles catacombes, passant inaperçu une fois encore...

Pas un regard ne se tourne vers moi, ça ne me dérange pas, après tout si chaque personne se retournait sur mon chemin, je n'en serais jamais sorti... Mes pas suivent d'eux même le chemin menant aux catacombes... Il me vient l'envie de m'exiler un peu, oublier le monde et tous ces français... Oublier que cette ville est infestée de créatures infâmes... Mon être frissone de dégout rien qu'en imaginant les chiffres de population... Lorsqu'enfin j'arrive à l'entrée, un vampire se tiend le poignet et ne semble pas en état de défendre quoi que se soit... J'esquisse un sourire... Un sourire mauvais, celui qu'on me connait par coeur... Et je demande doucement de ma voix trop douce:

"Hum... Te serais-tu par hasard, laissé aller à manquer de respect à notre chère Ida?"

"Hum... Nan... Pas Sa majesté... Un... Un autre... Son frère aîné je pense... Aide moi..."

Mon regard s'attarde sur son poignet endolori, sa peau habituellement blanche à rougit et l'articulation a enflé... Ce vampire doit être impressionant... Je soupire légèrement... Je ne peux pas le laisser là comme ça... Ou bien... Après tout, si il lui a manqué de respect, il n'a que ce qu'il mérite alors, comme si de rien n'était, je passe maroute, affirmant:

"Désolé... Il m'intrigue... Je n'ai pas de temps pour ces futilités... Et tu es de garde... Alors fais ce que tu dois faire, tu iras voir après pour te faire soigner. J'y vais..."

Et de nouveau, mes pas d'habitué me guident... S'il est le frangin de sa grandeur, il doit s'être dirigé vers le trône... Judas... On en entend souvent parler... Les anarchistes l'appellent comme ça, les autres se contentent du mot 'Maitre'... Je pose mes mains dans mon dos, croisant mes doigts alors que j'ai quelques pas devant moi un vampire plutôt grand, il a fière allure... J'admire... Il semble connaitre les lieux c'est étrange... Enun peu moins de 500 ans de vie de vampire, je ne l'ai jamais vu... Mais il doit être bien plus vieux après tout... Je m'avance à pas feutrés, la démarche assurée mais le regard droit sans être insolent... Tout dans mon attitude montre une fièrté respectueuse... Mon maintient désigne l'hestime que j'ai pour lui... Et comme si je voulais sans vraiment le faire, ma voix s'élève, plus douce et basse que jamais elle ne l'a été...

"Excusez moi... Si je ne me trompe pas, vous semblez connaitre leslieux... C'est étrange puisque jamais je ne vous avais vu auparavant, Maitre judas... Souvenirs d'enfance?"

Peut être vais-je passer pour un curieux mais je me dois d'engager la conversation avec mon aîné... J'incline légèrement la tête à son égard, fermant mes paupières sur mes yeux de glace... Alors que je continue ma marche vers mon aîné... Je n'ose presque pas le dépasser... Il dégage une telle impression de grandeur et d'autorité... Revoyant le poignet de ce vampire dans l'entrée, un frisson court le long de mon échine, je vais devoir être respectueux de son statut et de sa personne entière... Le frère de sa Majesté... Si l'on m'avait dit un jour que j'aurais à rencontré l'aîné de ma souveraine, je ne l'aurais pas cru...

Mes lèvres n'obéissent plus, posées contre les siennes, si douces... Je sens la pression alors je recule et le regarde... Toujours si calme avec un air léger de douceur... Il est vraiment beau... Mais il va falloir que je me fasse une raison il n'est pas homosexuel alors ça se limitra sans doute au baiser, voir aux caresses lorsqu'il sera de bonne humeur... Je déglutis légèrement, préférant ne rien dire ou faire d'autre pouvant troubler l'équilibre précaire de notre nouvelle relation... J'ai bien compris ma situation... Disons que je suis en période d'essai avec lui... Je passe nerveusement ma langue sur mes lèvres avant de le regarder... Je suis son amant? Je ne me situe plus, mon regard un peu étonné se porte sur son visage et je cherche à comprendre un peu mieux ses propos confus depuis tantôt... Je demande alors doucemement:

"Oui, Judas... Mais je... Enfin je ne suis pas infaillible à l'appel de la chaire... Et si vous cherchez la fidélité sans me donner ne serait-ce qu'un minimum de sexe, je ne suis pas sûr de pouvoir tenir... Je... Ma constitution ne me permet pas de résister aux plaisirs charnels judas..."nt:



Alors que j'essaiyais de l'embrasser à nouveau je me vois repoussé... Mon regarde cherche une quelconque explication à son comportement contradictoire... Il ne cherche aucunement une relation stable alors pourquoi m'appeler son amant? Je frissone... Se jouerait-il de moi? Que cherche-t-il à tirer d'un pauvre vampire tel que je le suis... Je déglutis faiblement à son explication qui me semble bien maigre... Mes yeux quittent son regard pour se porter sur le trône et je recule d'un pas pour regarder sa main revenir à lui... Une nouvelle fois je déglutis avant de me tourner complètement vers le si majestueux trône de notre reine... J'avance calmement vers ce dernier, m'arrêtant à une distance respectable... Mes mains sont de nouveau venues se caler dans mon dos... Mes doigts s'entremêlent alors que je m'éclaircis la voix...

"Sa majesté sait se faire respecter bien qu'elle même ne respecte pas toujours nos règles ancestrales... Elle gouverne bien... Même si quelques indignes vampires se croient suppérieurs..."

Je ne bouge plus, je suis frustré, mon regard ne quitte pas le siège royal... Je ne le comprends pas... Ni lui ni ses manières aguicheuses sans l'être trop... Alors comme si tout allait bien dans le meilleur des mondes, je ne dis plus rien, restant fixé ainsi pour ne pas penser à ma vie sentimentales toujours bousculée par le destin... J'ai un léger soupire las avant de fermer les yeux... Ida ne devrait pas tarder à mon humble avis... Je devrais sans doute les laisser entre frangins... Mais étrangement, je n'en ressens aucune envie...

J'ai rêvé de Yaku la nuit dernière. Il y avait de cela si longtemps que je n'avais pas caressé le mirage de son visage, que je n'avais pas senti la douceur de ses doigts sur ma peau claire, que je n'avais pas goûté ses lèvres si tendres… il y avait si longtemps de tout cela que j'ai perdu ces sensations. Oui. Un rêve sans plaisir, un rêve fade. Ses lèvres avaient un autre goût, sa peau sentait la pourriture des anges, et ses caresses étaient maladroites, alors que je me souviens de sa fougue, de sa passion lors de nos ébats. Habituellement, quand je rêve de lui, de son corps et de sa voix – qui elle aussi était dissemblable – je me réveille avec le sourire aux lèvres. Aujourd'hui j'avais cette ignoble sensation de vide qui m'attendait au réveil, et qui m'étreint toujours en ce moment. Une sensation amère, une sensation qui me pousse à penser que je tuerais simplement pour être serrée dans les bras d'un homme… Mais l'Homme que je désire est mort depuis si longtemps déjà.

Je pousse un profond soupire en marchant lentement, comme une non-morte, jusqu'à ma crypte. Je n'ai aucune envie de m'y trouver, mais l'on m'a dit que quelqu'un s'y trouvait. Sans doute cette personne attend-elle ma venue. Un vampire étourdi passe à deux cheveux d'écraser mon pied. Dans un feulement frustré, je l'écarte de mon chemin. Je l'entends gémir derrière moi, se plaindre que sa tête a heurté la pierre des parois. Bien fait pour lui. Votre Reine est de mauvaise humeur, écartez-vous de son chemin.

-Qui êtes-vous ? je clame d'une voix puissante en entrant dans la crypte.

Le vampire, que je ne reconnais pas – du moins pour le moment – est en train de se tirer des limbes du sommeil. Cette vision me ramène à mon rêve de la nuit dernière et je serre les dents.

-Cette salle n'est pas une auberge mon cher, je dis d'un air pincé.

De quel droit critique-t-il mon retard celui-là ? S'il plait à la reine de ne point se tenir enfermée dans cette crypte humide tout au long de la journée, à attendre, au cas où quelqu'un daignerait se présenter, eh bien la reine en a le droit. Et je suis la reine. Je n'accepterai donc aucun commentaire de ce genre. Toutefois, comme je reconnais mon interlocuteur alors qu'il s'approche de moi, je trouve plus judicieux de me taire, de ravaler mon ego. Ce serait pour lui une bien trop belle occasion de me rappeler que je suis égocentriquement narcissique.

-La mémoire te revient-elle ?

-Ma mémoire se porte très bien, je feule, mécontente.. c'était l'éclairage qui jouait en ma défaveur. Il y avait longtemps que je n'avais pas vu ton visage Judas.

Je souris amèrement. Si la personne s'imposant dans mon antre avait été Yaku, j'aurais pu me laisser aller à lui pardonner son insistance… Mais lui… Ma lèvre se retrousse avec dédain. Pas exactement le genre d'homme que j'aime retrouver après des années d'absence, plutôt le genre d'homme que je me plais à croire mort dans mes temps perdus.

-Après toutes ces années je constate que tu me regardes toujours de haut, petit frère.

J'insiste particulièrement sur ces derniers mots, sachant qu'il est de très loin mon aîné. Seulement maintenant que je suis à la place de notre défunte mère – Dieu ait son âme – c'est moi qui ai le droit de le regarder de haut, c'est moi qui lui suis supérieure. C'est moi qui ai le droit de lui intimer le silence si j'en ai envie.

-Il faudra changer tes vieilles habitudes, n'est-il pas ? Beaucoup de choses ont changé durant ton absence.

Je crispe discrètement ma royale mâchoire. Oui, discrètement. Pourquoi ? Parce que je n'aime pas montrer quand je suis agacée, et que je trouve que je le montre déjà bien suffisamment à tout le monde quand la moindre petite chose ne fait pas mon affaire. Le montrer à Judas – de façon plus ou moins acceptable pour une reine – ce serait devoir marcher sur mon orgueil et admettre que sa simple présence ici parvient à me troubler. Surtout que je sais ce qu'il pense de moi, je me permets depuis tout à l'heure de fouiller dans son esprit pour en entendre les pensées. M'emporter serait aussi d'admettre cela. Que croit-il voyons ? Je sais que je n'arrive pas à la cheville de Zakaria, mais nous ne pouvons pas être comparées, car nous menons le même combat pour des raisons totalement différentes. Je force finalement un sourire à poindre si mortellement délicat.

-Je ne t'en veux d'aucune manière. Je te croyais mort et j'avais fait mon deuil. Ta présence ici me trouble, voilà tout.

J'incline doucement la tête, mettant ma trop grande fierté de côté, le saluant comme une sœur se doit de saluer son frère. La raison pour laquelle je n'ai jamais vraiment adoré Judas est mystérieuse même pour moi. Peut-être est-ce ce lien de fraternité. J'avais constaté, dans mes très jeunes années de vie, que les frères et sœurs entretiennent toujours des rivalités, s'aiment et se soutiennent mais se montrent constamment les dents, défendant ce qui leur appartient pour ne pas avoir à le partager.

-Ma surprise passée, daigneras-tu me pardonner mon manque de courtoisie envers ta personne ?

Hypocrisie quand tu nous tiens… Comment appelait-on cela à l'époque déjà ? Ah oui… la préciosité…

Depuis longtemps deja, je foule le sol de ce monde avec fièreté et discrétion a la fois. Je n'ai aucun besoin de télépathie pour savoir ce que pense Ida, son regard me suffit amplement. je souris calmement d'ailleurs quand a remarquer qu'elle semble croire être plus puissante que moi, et je me doit de la ramener a une politesse forcée. Non pas en paroles, mais en arrêtant de la laisser lire mes pensées.
Mon esprit se ferme lentement, ne laissant qu'un voile noir se distiller dans le sien avec malice. Je stoppe tout faux semblant, j'arrête même de sourire d'un air si gênant pour redevenir le Judas impassible que tant de monde, et a la fois si peu, connait.

- Tu sembles oublier que je suis plus vieux que toi de près de Trois mille ans... Et lire les pensées d'un autre enfant de Zakaria est pour le moins impoli.

Je prononce ce nom pour la première fois depuis bien longtemps. Il faut avouer qu'Ida me semble enfin a un certain point intéressante, elle prend son rôle au sérieux. Quoiqu' egoiste et arrogante, elle est une reine respectueuse de sa fonction. Je reprends après un laps de temps a la fois long et trop court pour qu'elle réponde, reprenant mon petit manège mouvementé.

- Trêve de plaisanteries et de sous-entendus. Je suis de retour, c'est un fait. Il t'appartiens simplement de choisir entre m'avoir comme allié, et refuser mon aide. Pour ce qui est des sentiments, je ne me fais plus d'illusions te concernant.

Il est vrai que derrière le visage que chacun peut voir, peuvent se trouver bien des choses. Un esprit vif, trop vif pour que l'on puisse le remarquer au début d'une discution dont le but n'est, en général, que d'assoir son point de vue. De cette vision, on pouvait dire que l'intelligence dépassait la beauté de loin. Ce qui n'était pas vraiment une mince affaire.

[Et wai, oublie pas que tu as accepté que je prenne ce rôle... Et que les vampires deviennent plus forts en vieillissant ^^]

J'affiche une moue d'enfant gâtée prise sur le fait quand il me sermonne à propos de ma petite incursion dans sa tête. Il n'a vraiment pas changé. Il joue encore au grand frère avec moi, alors que je n'ai nul besoin de ce genre de choses. Il prend d'ailleurs grand soin de me rappeler sa supériorité – supériorité d'âge et rien d'autre je précise. Je raille quelque chose entre mes crocs, quelque chose que même moi, si je ne l'avais pas prononcé, je n'aurais entendu.

Mon interlocuteur ne me laisse pas le temps de répondre autre chose, de lui faire savoir que l'âge importe peu. Il enchaîne immédiatement, m'exposant un choix auquel je ne m'étais pas attendue. J'ouvre grands mes yeux gris, incertaine. J'irais bien fouiller dans son esprit pour m'assurer que j'ai bien entendu, mais il me l'a fermé.

-Que veux-tu dire par là Judas sans nom, l'assasin du plus connu ? je demande d'une voix froide. Que veut dire ce choix ? Que tu n'es pas certain de soutenir la cause de ta noble famille pendant cette guerre ? Que tu songes à joindre un autre camp ? Ou simplement à me faire savoir que si je ne t'y pousse pas, tu iras dans le neutre, sans prendre parti, comme un lâche ?

Pour un peu, je m'emporterais. Peut-être qu'il n'a rien voulu dire de tout ce que j'ai proposé, mais je me suis échauffée moi-même en les citant. Je passe derrière lui en le contournant pour regagner mon trône. Passant ma main dessus, j'en retire les poussières, puis je m'assieds. Des tas d'idées germent dans ma tête et s'il ne s'empresse pas d'y mettre un terme, il risque de ne pas ressortir de cette crypte. Peut-être s'est-il lié avec l'un de ces monstres ailés et que pour cette raison… Suffit Ida ! Attends donc qu'il te dise de quoi il en retourne avant de sauter à des conclusions hâtives et grotesques. Judas est sage, probablement méprise-t-il les anges autant que moi…

-Y songes-tu ? Toi le descendant direct qui partage plus que quiconque ici le sang qui coule dans mes veines, celui de notre chère mère Zakaria ?

[c'est berk mon post ... mais ... pas taper XD]

Je suis bien consciente que ma dernière phrase n'était pas la bienvenue. Je l'avais justement choisi à cet effet, car moi-même j'aurais détesté que l'on doute de mon allégeance à Zakaria, moi, descendante directe. Il est normal que lui, tout aussi prêt d'elle que j'ai pu l'être, soit franchement insulté par cette remarque. C'est justement le but, vérifier son allégeance. S'il était fidèle à Mère, il sera tout aussi fidèle envers moi, ne serait-ce que pour préserver son honneur. Je souris doucement, redressant la tête noblement.

-Crois-tu que je puisse désirer qu'un frère comme toi ne se joigne pas à notre guerre ? Tu as fait tes preuves par le passé, et le temps m'a enseigné que je préférais et de loin t'avoir dans mon camp que de t'avoir pour ennemi.

Je pousse un soupire. Je me souviens quel homme redoutable il est, aussi puissant que moi, me surpassant sur certains points alors que je le surpasse sur d'autres. Un duel entre nous deux pourrait durer des jours sans qu'un vainqueur ne puisse être déclaré. Un duel entre nous deux finirait par nous faire mourir d'épuisement.

-Tu es le bienvenu à la maison mon frère, tu l'as toujours été et le seras toujours. J'espère te voir à mes côtés dans cette guerre dont la victoire vengera l'honneur perdu de notre mère.

Un allié désirable, un adversaire redoutable. Je dois garder cela en mémoire. Judas n'est pas du genre à se laisser guider par la main qui tient sa laisse. Je devrai lui donner l'impression que c'est lui qui agit de son propre chef.

-Si bien sûr tu as le désir de t'y joindre, ajoute-je humblement en m'inclinant légèrement du buste vers l'avant.

Dangereuse ? Certes oui ! C'est ce que j'ai enfin réussi à faire comprendre à mon pire ennemi, il n'y que quelques jours de cela. Dangereuse. Ce mot résonne comme un compliment à mes oreilles. Oui, je suis redoutable, et encore une fois, quelqu'un s'en rend compte. Ils m'ont longtemps prise pour une innocente vampiresse débutante, quelle n'est pas leur surprise de constater au fil du temps que je ne suis pas une marionnette assise sur le trône qu'ils peuvent manipuler à leur guise. J'éprouve presque autant de satisfaction à entendre Judas dire que je suis dangereuse qu'Ashael qu'il m'a sous estimée. Ashael est un ennemi, Judas un frère qui s'est toujours cru au dessus de moi, qui admet enfin que je ne suis pas qu'une nuisance d'insecte.

Qui ne le réjouissent pas autant ? Oh mais je l'espère bien. Moi, rien ne me réjouit autant que d'imaginer le jour où je l'aurai humilié comme il a humilié Mère et que je planterai sa tête sur une pique pour en décorer l'entrée de ma crypte. Je ne me préoccupe pas vraiment de cet énoncé jusqu'à ce qu'il ajoute quelques mots.

-Les hybrides ne sont pas des jouets.

Je manque de peu de laisser échapper un commentaire amère, blessant et insultant qui l'aurait remis à sa place. Il est vrai qu'ils ne sont pas des jouets. Ils sont moins que cela. Toutefois, la perspective de voir Judas sortir de cette sombre caverne me réjouit trop pour que j'ose ajouter quelque chose à ce sujet. Ne manquerait plus qu'il se retourne et que nous nous lancions dans un débat échevelé sur les hybrides, qui ne méritent certes pas autant de notre attention.

-Que notre Mère veille sur toi, dis-je avant qu'il quitte la pièce.

Grommelant quelques injures bien senties entre mes crocs, je me réinstalle sur mon trône une fois qu'il est loin. Toutefois, je ne reste pas là bien longtemps. J'ai les jambes qui me démangent, qui me supplient de les faire sortir. Soit. C'est avec rapidité que je quitte notre demeure.