-Je dis qu’on se pousse dans un restaurant branché de la rue, on bouffe comme des gros cochons jusqu’à ce la facture explose les quelques mille et ensuite on mijote un petit numéro pour s’enfuir en douce. T’en dis quoi ?
J’suis hyper surexcitée, je sautille d’ici et là autour de Dylan alors que celui-ci renifle , en se léchant les babines, les multiples odeurs des restaurants classes du coin. Des voitures circulent rapidement, des piétons nous bousculent, mais c’est pas grave. Dylan et moi, on est ensemble ! On va casser la baraque ! Je ne sais pas combien de plans d’emmerdeur on a faits tous les deux, mais on est cool ! Vraiment trop joyeux. Je distrais les gens et mon petit raton adoré s’occupe de les ruiner avec quelques mains furtives ici et là. Ah lala, c’est douteux.
-Avoue que t’as faim mon pote, je dis en lui tapotant l’épaule avec affection.
-Ouais, qu’il dit.
-Et en même temps, tu vas pouvoir faire reluire les ustensiles crottés, tu vas pouvoir voler tout ce que tu voudras parce qu’on va être avec des espèces de riches de la mort ! T’en dis quoi ?
Eux, il faut bien leur dérober quelques biens ! Putain, ils ont le compte en banque qui craque sous leur revenu, pis ils sont gratteux ! Aille le cave, t’as quelques mille dans tes poches et tu chignes dès que tu perds un petit euro de rien ? Tss…J’aurais vraiment honte ! C’est normal qu’une personne comme Dylan ou moi soit obligée de couver son fric si on veut arriver à vivre. Hum…faut pas oublier que Dylan cache l’argent qui scintille. Mais bon, il en a besoin de liquide, ce petit. Il n’a pas de demeure fixe, il fouille les poubelles, il patauge joyeusement dans les égouts, il se baigne dans les excréments humains, bref son odeur corporelle n’est pas très saine. Je l’inviterais bien à venir cohabiter avec moi, mais j’ai pas envie de mon appartement sente la charogne. Disons que l’arôme personnalisé de mon pote ne m’intéresse pas trop. De plus, il ferait dans sa culotte à chaque fois que je rentrerais avec un mâle dix pieds de haut pour faire crak-crak dans le lit. Il se veut chaste et pure, mais dans le fond c’est le pire des porcs en matière de sexe. Ma mine se tord à cette pensée ridicule. Dylan ? Dieu dans le sexe… ? Pouahahahahahaaaa !
-T’préfères pas qu’on vole des trucs par-ci, par-là ? pose-t-il en me montrant une montre rutilante qu’il vient de prendre à un homme. On pourrait se faire un joli tas.
-Que tu vas mettre dans un trou ?
Je fronce les sourcils. Ah lala…c’est douteux. Extrêmement douteux. J’suis en manque. Aille la tweet ! Tu t’es faite prendre par un mâle hier et t’as recommencé ton petit jeu au matin, t’es en forme. Oufff…J’ai les hormones dans le piton. Ben, faut dire que tu es tout le temps en manque. Pff…détail. Mais faudrait quand même que je me trouve une personne potable avec qui baiser. Du coin de l’œil, j’ai l’impression d’avoir vu rapidement une silhouette squelettique, mais un examen approfondit ne me montre pas ce que je m’attendais à voir. Une chance.
-Ouais, personne va les trouver, affirme Dylan avec gaieté.
-Ts…t’as dévalisé la totalité des citoyens de Paris, mon vieux, ça serait surprenant que pas une seule personne n’ait trouvé tes trésors.
Dylan sourit avec satisfaction tout en se frayant un passage parmi la foule et il en revient les mains chargées de bijoux étincelants.
-Wow ! Dylan ! T’es un as ! Mais faut pas rester ici…
Je l’entraîne plus loin alors que mes yeux avides s’attardent sur les restaurants et mon estomac affamé aspire à dévorer quelque chose.
-Ça te dit vraiment pas d’aller bouffer des gros gâteaux bien moelleux et sucrés ?