Aujoud'hui, on est mercredi.
Ouais, je sais, c'est pas vraiment important, mais il faut avoir des repères temporel dans la vie, sinon on vit que dans le présent, et on devient une bête. Enfin un chien. Je pense que c'est pour ça que j'ai pas voulu rester avec ma copine, je vivais totalement dans le présent, et elle dans l'avenir... j'ai eu peur, en fait, l'avenir, c'est un concept que les chiens ont jamais digéré, et moi aussi j'ai un peu de mal. Mais j'arrive pas non plus à vivre totalement dans le présent, d'où ma confusion. L'avenir me fait un peu peur, parce que j'en ai une vague perception, suffisament pour savoir qu'un bébé demande des attentions, mais pas assez pour angoisser quand je m'enfuit brusquement de chez moi/chez ma copine pour aller nul ne sait où, et recontruire ma vie totalement ailleurs. Ca se voit au jour le jour ce genre de chose, j'ai pas peur.
Enfin voilà, c'est pour ça que je suis un maniaque des jours de la semaine.
Donc, je disais, me voilà dans la rue, tout seul, à neuf heure du mat', devant une boulangerie en fait. J'ai toute la panoplie du techno-clodo sur moi. Les bottes plus lourdes que mes pieds, le grand manteau de cuir touchant le sol pour cacher ma queue, et le masque à Gaz pour ma bouche quand je parle, pour pas trop capter les odeurs, et pour cacher mes dents un peu trop devellopée proportionellement à ma machoire humaine. Le reste ? Oh bah grand classique, je vous en met tous plein la vue avec mon débardeur avec de la dentelle en bas hein ? Ouais, je sais, ça claque. Enfin bref, pour berner la boulangère tout ça. Elle est habitué à moi, des fois, elle me donne un pain au chocolat gratis, quand elle me voit fouiller le fin fond de mes poches pour trouver assez de monnaie pour me payer ma malheureuse baguette. Evidemment, elle n'est pas au courant, elle pense que je suis un pauvre SDF un peu excentrique. Est ce totalement faux ? J'en sais rien, j'en sais foutre rien. Enfin bref, il me semble avoir dit ne manger que de la viande, c'est faux, je supporte très bien les féculents en petites quantités, j'en ai besoin, pour vivre, sinon j'ai pas d'énergie. Mais là, j'suis pas venue pour du pain, mais pour une sucette, parce que j'arrête de fumer. Je lui dis ça d'ailleurs, que j'arrête de fumer, sinon elle va me prendre pour un barjot à prendre une sucette toute seule. Elle sourit, elle m'encourage à continuer dans cette voie. C'est bien madame, et vous savez ? J'aimerais bien arrêter, la voie dans laquelle je suis. Arrêter de fumer me semblait une bonne idée, il y a deux jours, ça me revient trop cher vous comprenez ? Mais là, ça devient difficile, un peu. Elle me demande la couleur de la sucette. Rouge ou bleue ? Oh, madame, je vois plus les couleurs... Gris cendre de cigarette, ou gris fadasse aurait elle dû formuler. Je prend la cendre de cigarette, c'est plus sain, puis j'aimerais tellement en voir de la vraie près de ma bouche... Vilaines, vilaines pensées !
Je sors, avec ma sucette dans la bouche, et je remonte la rue, allons faire la manche du coté de la rue de Rivolli voulez vous ? Oh, c'est loin ça... Enfin bref, remontons la rue, c'est déjà un bon début. Je suis tout à mes pensées, quand soudain je tilt qu'il y a des pas à environ cent mètres derrière moi, vu la texture des semelles, et de ce qui s'entrechoque sur le corps des trois guss derrière (Oui, j'entends tout ça...), c'est des flics. Glups. Je tourne brusquement dans une rue assez petite, peut être ne sont ils pas là pour moi mais dans le doute...
Ils ont pris la même rue que moi.
Merde.
Je me mets à courir, ils courent aussi. Merde merde merde ! Bordel de chiotte ! Ce qui est bien, quand t'es moi, c'est que tu cours vachement vite à cause du bordel de muscles que tu as sur le corps, à cause de ta bonne condition physique dut à une alimentation surveillée de près, à cause de ta vie difficile qui te fait connaître chaque ruelle du coin. Pas les keuf, ils courent pas vite. Je les distance, mais ne les sème pas. J'ai peur qu'ils aient une voiture. Je saute d'un habile coup de rein une barrière, et là je les sème en quelques minutes de sprint.
Je me jette dans un bar-tabac, et achète un paquet de Lucky Strike. Ouais, j'ai une vie trop stressante pour me permettre d'arrêter de fumer. La cassière me regarde d'un air bizarre, c'est le casque qui fait ça je crois. Je ressors, et me voilà dehors, dans un endroit que je connais pas trop. Je marche un moment, et me voilà à mon endroit préféré : Le trocadéro.
Quand j'vous disais que j'aimais cet endroit...