Avec mon escorte^^ [...suite, PV Alex]

Parfait, tout se déroulait « pour le mieux », cette impression d’être observée, jaugée avait légèrement disparu, mais pas completement. Alex me proposa de me servir « d’escorte », ce qui me fit sourire. Une escorte… C’était bon pour les vieux livres romancés de capes et d’épées ! Mais j’ai gardé mes remarques pour moi, je n’allais pas le ridiculiser en lui sortant des vacheries quand même ! Je vis Alex commencer à marcher dans une direction qui n’était pas la bonne, puis s’arrêter et enfin m’attendre pour que je lui indique la bonne direction.

- On va dans le 5° arrondissement. J’espère que ça ne te dévie pas trop de ton chemin initial. J’habite près du Boulevard Saint-Germain, enfin, dans une des petites rues autour. Et… la direction qu’il faut prendre, c’est à l’opposé d’où tu allais.

Avec un petit sourire, j’ai pointé mon pouce derrière moi, par-dessus mon épaule pour lui montrer par où il fallait aller. J’ai saisi mon sac. Au début, j’avais hésité à lui donner mon adresse (qui sait, c’était peut-être un dangereux criminel en fuite^^), mais je me suis dit que, de toute manière, s’il m’accompagnait jusqu’à mon domicile, il saurait finalement où j’habitais. Autant prendre de l’avance et lui dire directement où je vivais. Au moment où je me retournais pour prendre la bonne direction, j’ai vu un truc noir voltiger vers Alex puis continuer son chemin pour se diriger vers la direction où j’étais. J’ai senti le truc passer tout près de mes cheveux et ai poussé un petit glapissement effrayé. C’était pas un des animaux qu’on avait l’habitude de voir dans Paris. Quand j’ai vu les ailes du machin qui m’avait fait peur, j’ai reconnu une chauve-souris. Beurk !
J’ai pensé à Sarah et son manoir… Souvent quand j’y allais, il y avait plein de chauves-souris autour, volant comme des malades. Quand je me baladais avec cette femme que je pensais être mon amie, il y en avait souvent autour de nous. Je n’avais jamais fait le lien. Jusqu’à maintenant. Est-ce que cela voulait dire qu’il y avait un vampire dans le coin ? L’idée m’effraya : je n’avais jamais oublié la terreur que j’avais ressentie quand j’avais vu Sarah planter ses dents dans le cou de ma sœur. J’ai frissonné en revoyant la scène.
Je reviens à mes esprits pour entendre Alex dire qu’il nous faut partir. Effectivement, je n’ai pas envie de traîner ici plus longtemps. Je me remet en marche mais au bout de cinq mètres, jette un coup d’œil derrière moi pour vérifier que la chauve-souris a bel et bien disparu.

- Tu savais que les chauves-souris vont souvent de pair avec les vampires ? Du moins dans les romans… Tu imagines, si on était dans une histoire romanesque et abracadabrante, il y aurait un vampire dans le coin ! On serait drôlement mal barrés !

J’ai rit. Mais au fond de moi, j’étais tout à fait sérieuse. Je m’étais rattrapée au dernier instant, rajoutant cette histoire de romans et tout le pataquès. Si je n’avais rien dit, il aurait pensé que croyait aux vampires (ce qui était vrai) et j’aurais, d’une manière où d’une autre, dans une pièce capitonnée en hurlant de frustration que je voulais sortir. Je refusais de me risquer à retourner dans cet asile… S'il me prenait pour une folle à parler ainsi de bouquins, tant mieux, c'est toujours mieux que d'être envoyée chez les cinglés.

Le silence nous enveloppa tandis que nous marchions. Je pensais de plus en plus à cette chauve-souris et à son « lien » avec les vampires… C’était comme une suite logique dans mon esprit : chauve-souris -> vampire -> Sarah -> mort de ma sœur -> vengeance.
Ah, la grande sœur completement fada de sa défunte sœur et animée d’un fou désir de vengeance… C’en était risible, j’en avais bien conscience, mais je m’en moquais, tout ce que je voulais, c’était faire payer à Sarah la mort de ma frangine.
Je fixais le sol avec obstination et me rendit compte que mon attitude silencieuse pouvait paraître étrange. J’ai relevé la tête et regardé autour de nous, parfait, dans mon délire de vengeance, je n’avais pas dévié de ma trajectoire… J’ai prit conscience de mes bras pendant dans le vide et ai repensé à ces cicatrices qui zébraient ma peau.
Malaise.

- Tu fais quoi dans la vie ? Histoire de mieux connaître mon escorte et… remplir ces grands silences…

Pendant que je parlais, mine de rien, je mis mes mains bien au chaud et à l’abri des regards dans la poche kangourou de mon pull. C’est fou à quel point je savais détourner l’attention pour me préserver du regard et du jugement des autres, pour me protéger… Au moins cette question sur sa vie allait me faire penser à autre chose que la réelle raison de ma venue à Paris.
A cet instant précis, je me rendis compte que nous étions devant mon immeuble. Je l'ai invité à monter chez moi, c'était la moindre des choses après qu'il m'aie accompagné jusque chez moi ! J'ai ouvert la porte de mon appart' et suis entrée. J'ai laissé tomber mon sac sur le meuble de l'entrée, sorte de minuscule buffet, avec un bruit sourd et ai allumé la lumière.
Catastrophe : mon appartement était un réel bazar ! Les toiles à moitié terminées, les sculptures en chantier jonchaient sur la table de la cuisine et il regnait un fouilli par possible ! Je me suis dit qu'il était malpoli d'inviter des gens dans un tel foutoir... Mais maintenant qu'il était rentré... J'ai laissé entrer Alex et ai fermé la porte derrière moi. J'ai jeté un petit coup d'oeil à mon sac et ai vu qu'il avait fait tomber le portrait de Karen. je l'ai remit sagement en place et suis allée vers le salon.

- L'appartement est minuscule, excuse le bazar... Tu veux boire quelque chose ?

Je me dirigeais vers la cuisine quand un éclair noir me passa entre les jambes et manqua de me faire tomber. J'ai râlé et ai prit la chose qui avait failli me mettre par terre. J'ai regardé Alex en riant et ai dit :

- Je te présente mon colocataire : You... Une vraie calamité. Fais gaffe quand tu marches, il a tendance à foncer dans les pieds des gens...

J'ai reposé mon chat au sol et ai vérifié qu'il avait toujours à manger... Ouais, c'était donc pas pour ça qu'il m'avait fait trébucher... Sûrement parce que je l'avais réveillé en plein milieu de la nuit. J'ai grommelé que j'aurais du l'appeler "sac à puce" ou "vermine" en sortant deux verres.

Voilà donc que cette sensation étrange refit apparition alors que Lexia m'indique d'un simple signe de la main la direction à prendre pour rentrer chez elle.
Cette chauve souris est encore là, je me méfit de ces créatures et j'en sais bien trop sur les vampires pour savoir que ce genre de bestiole ne se balade jamais toute seule.
Il y avait forcément une autre créature dans les parages, un vampire peut-être... sans aucun doute. Mais que se passe t-il avec Lexia, j'ai l'impression qu'elle est au courant de quelque chose au sujet des vampire. Elle n'est pas comme les autres humaines, elle m'a l'air plus méfiante et moins facile à approcher.
Je ne devrait peut-être pas me fixer tout de suite une idée sur ce genre de chose qui est censé rester confidentiel aux yeux de ceux qui l'ignorent encore...

En général, les humains qui sont au courant que quelque chose simplement en ayant assisté à une scène de meurtre plutôt anormale ou à cause d'autre chose se retrouvent vite disparus de la circulation au bout de quelques jours.
Mais il il avait des exceptions et j'en suis d'ailleurs la preuve vivante. Déjà cinq ans que j'ai assisté au premier meurtre d'un humain commit par un vampire et jamais encore je n'est eu de problème.
C'est étrange quand j'y repense, j'ai bien l'impression d'être le seul à savoir de telles choses.
Mais Lexia prend la parole et elle dit quelque chose d'anormal pour une femme comme elle.
Je réfléchit un moment à ce que je vait lui répondre et enfin, je lui dit.

« Tu as raison, les vampires ne sont pas le genre de créature à faire des cadeaux aux humains tels que nous ! »

Pas terrible comme réponse mais si seulement elle savait ce que je sais.
Et puis je n'est pas pour habitude de rire sur ce genre de sujet qui à la longue à former en moi un véritable coeur de pierre.
Les chauves souris, les ombres, les présences invisibles et inexplicables... toutes ces petites choses ne me font désormais plus peur, j'en est trop vu pour partir en courant dès que je croise une chauve souris ou un rat...

Le temps passe et je me laisse aller, suivant de près les pas de Lexia qui m'emmènent un peut plus loin dans la ville de Paris.
Le 5° arrondissement, un endroit dont je n'est pas pour habitude de passer mais... sa ne fait rien. La ville est tellement belle en pleine nuit, éclairée par tous ces lampadaires, c'est vraiment magnifique.
Durant le trajet, je ne parle pas, j'essaye de ne pas faire de bruit en marchant.
La chauve souris n'est plus derrière nous, c'est une bonne nouvelle.
Je me réjouit intérieurement alors qu'elle me pose une autre question un peut plus délicate. Je m'efforce de ne pas perdre de temps pour lui répondre et je lui dit.

« Dans la vie hein ?!
Les livres, le savoir, les découvertes... tous les jours j'apprends de nouvelles choses sur la vérité, sur ce que les humains ne peuvent pas forcément voir, voilà ma profession.
Sa ne peut paraître pas très clair à tes yeux mais saches que c'est tout à fait normal... »

Voilà qui est dit, même si mes propos ne sont pas très explicites, je ne lui est pas menti et sa, c'est l'essentiel.
Je n'aime pas devoirs mentir aux gens, c'est la raison pour laquelle il y a toujours une part de vérité dans mes paroles.
Et voilà enfin que nous arrivons en bas de son immeuble et alors que je m'apprête à partir, Lexia m'invite finalement à monter avec elle.
Je ne refuse pas et je la suis jusqu'à la porte de son domicile qu'elle s'empressa d'ouvrir avant que tous les deux entrions à l'intérieur.

Un petit appartement, parfait pour quelqu'un qui vit seul et ce ne fut seulement après que la lumière soit allumée que je découvrit le mobilier.
Des peintures et des sculptures un peut partout, ai-je à faire à une artiste. Je n'aime pas poser des questions et de toute façon, je le saurait bien un peut plus tard alors je la laisse faire, m'avançant de quelques pas seulement.
Je fixe alors le petit cadre qu'elle vient de ramasser sur le sol avant qu'elle ne finisse par le reposer sur le meuble à coté de la porte d'entrée mais je ne m'y atarde pas par simple politesse.
Suite à sa proposition, je lui répond.

« Un verre d'eau ne serait pas de refus, j'ai la george sèche... »

Je sursaute un peut en voyant Lexia manquer de tomber au sol mais je réalisa en fait que ce n'était que son chat.
Je lui sourit donc, voilà que désormais j'ai peur des chats, il ne manquait plus que sa.
La visite des lieux continue, je m'avance en attendant qu'elle revienne dans ce qui semblait être un salon alors que je poste face à une fenêtre.
De là, je voyais toute la rue. Le coin est plutôt sympa je doit l'avouer...

J’avoue que la réponse d’Alex quand à sa profession m’intrigue : il travaille sur les choses que les humains ne peuvent pas forcement voir ? Ca veut tout dire ça, peut-être travaille-t-il sur les atomes, peut-être est-il chercheur neurologue… Mais ce qui m’intrigue le plus, c’est sa façon de dire que c’est tout à fait normal.
C’est ce dernier détail qui fait poindre le doute, non, plutôt une sorte de curiosité. Pourquoi prend-il la peine de le préciser ? Je doute, comme si quelque chose clochait.
Déjà sa présence à deux heures du mat’ sur le champ de Mars, tout a fait sobre, alors qu’en général les plus hardi que se hasardent dans Paris à une telle heure, ce sont des types qui sortent de boîte de nuit, ivre comme pas permit à chahuter où bien des toxicos shootés à quelque substance illicite… J’en suis la preuve vivante d’ailleurs.

Mais non, lui c’est le genre type normal, pas l’air d’être alcoolo surtout qu’il me demande de l’eau et qu’un ivrogne me demanderait du vin… Alors que diable faisait-il à Paris à cette heure-ci ?
Pendant que je fais couler de l’eau dans le lavabo pour servir mon hôte (le premier depuis mon emménagement, c’est dire comme je suis asociale !), je me pose plein de questions. Puis je ferme le débit et pense qu’il faut que j’arrête de chercher la petite bête dans tout et n’importe quoi.
Je me serre un verre de jus de pomme, j’adore ça^^, et regarde par le bar Alex qui observe mon petit chez moi… Il regarde par la fenêtre, admire la vue nocturne de cette rue Parisienne pasdes plus fréquentables. Pendant ce temps, mon regard capte les couteaux de cuisine. Je les fixe un instant, comme hébétée par leur présence, dos à Alex. Je ne pense à rien, admire juste leur lame parfaitement aiguisée et sens soudain une vive douleur dans mon mollet droit. Je glapis et vois You qui a planté ses griffes dans mes mollets, au travers mon jean.

- Crétin de chat ! Ca va pas ? T’es devenu barjo ? Ce ne serait pas un grand changement remarque…

Au moins son attaque inattendue a détourné mon attention de ces longues lames pourtant si dangereuses. Quelque part, j’en suis reconnaissante à cette boule de poils de m’avoir griffé, comme s’il avait comprit que quelque chose de pas net, dangereux se passait. Je lui ai sourit et finalement lui ai gratté le sommet de sa tête. Il a ronronné. Amusée, j’ai levé les yeux au ciel puis ai quitté la cuisine avec les deux verres à la main et les pose sur la table basse après avoir bougé deux toiles et un tas d’argile ayant la forme d’un homme. Je m’assied et sens quelque chose de mouillé dans mon dos. Merde… Mon pull est trempe ! Comment ? Il n’a pas plus pourtant ! Ah ouais, c’est sûrement l’humidité nocturne… Et merde… Je me relève rapidement, m’excuse auprès d’Alex et vais en direction de la cuisine où j’enlève mon gros pull pour mettre un haut longues manches moins chaud et plus confortable. Je l’aime bien celui-là, il est tout noir avec une grande inscription en rouge bordeaux dessus « Go straight to revolution ! » Puis je me rassieds sur un des coussins. Alex est toujours devant la fenêtre, à regarder la rue… Il ne la regarderait pas de la sorte si c’était lui qui vivait dans cet appartement tous les jours et connaissait les bruits incessants des klaxons et les voix de quelques abrutis de voisins qui s’insultent de temps à autres pour des histoire de place de parking…

- Installe-toi, te gêne pas…

J’entrouvre légèrement la fenêtre puis reporte mon attention sur mon invité.
Maintenant je ne sais plus quoi dire, c’est bête. Je me retrouve avec un quasi inconnu dans mon appartement, à lui servir à boire ! Je ne sais même plus pourquoi je l’ai fait monter… Question de politesse peut-être… Ana, ma belle-mère, était très à cheval sur les règles de courtoisie, la politesse. Elle me bassinait tout le temps en me disant que si un homme nous raccompagnait chez nous, il fallait l’inviter. Il fallait que je fasse un peu attention… Même si il paraissait clean et cool, quelque chose me paraissait bizarre chez lui, il avait une façon de regarder les gens, de les analyser différente des autres, comme s’il cherchait quelque chose de particulier. Les psys de l’hôpital psychiatrique étaient ainsi quand j’yétaient, à me toiser du regard, à me juger, poser des tas de questions : jamais à moi, toujours à eux-mêmes. Mouais, niveau « strange », j’étais pas mal non plus. Je devais avoir l’air de quoi quand il m’a retrouvé sur le gazon en plein shoot ? Hmmm… j’ai préféré ne plus y penser.
A cet instant précis, You est venu squatter sur mes genoux en ronronnant, j’ai rit silencieusement… Il allait demander sa dose de caresses puis se tirer comme un ingrat dès qu’il en aurait marre. Je commence à passer ma main sur sa tête.
Il faut que je dise quelque chose, ce silence me tue, j’ai besoin de parler pour combler ce silence trop dérangeant.
Je sens quelque chose dans la poche arrière de mon pantalon qui gêne et l’enlève. Ah, mon paquet de clopes, ne contenant pas que d’innocentes cigarettes, et mon briquet. Je pose le tout sur l’étagère derrière moi et regarde Alex, sans aucun mot me venant à l’esprit.
Finalement, illumination !, j’esquisse de ma main droite un geste qui englobe la totalité de mon appartement, mis à part ma chambre, fermée à clef, comme d’hab, puis demande :

- Alors, comment tu trouves l’appartement chaotique d’une étudiante ? Pour quelqu’un qui fait des recherches sur ce que les hommes ne voient pas forcement, tu dois avoir un bel appart non ? C’est quoi les études à faire pour faire ton métier ?

Façon discrète, naturelle, d’aborder le sujet de son métier qui m’intrigue énormément je l’avoue. Comme si j’étais arrivée à ce sujet sans le vouloir…

La rue est plutôt calme. Quoi qu'à deux heures et demi passé du matin, il faudrait peut-être que sa ce calme un peut.
Je ne regarde pas Lexia, je ne fait presque pas attention à ce qu'elle est entrain de faire. Plutôt étrange la façon dont nous nous sommes rencontrés à l'extérieur. Quand j'y repense, je me demande encore elle a put me faire autant confiance alors que l'on ne se connait qu'à peine.
Et puit après tout, les nouvelles connaissances ne peuvent pas me faire de mal, j'ai toujours été malgré tout méfiant mais là, cette jeune femme me semble plutôt rassurante.
Et ce ne sont pas ses yeux injectés de sang et son temps de réaction largement ralentit par rapport au mien qui vont m'inquiéter...
Un bruit, je sursaute. Je tourne la tête vers Lexia encore dans la cuisine, ce n'est que son chat qui lui à sans aucun doute fait peurs.
La voir rouspéter après cet animal me fait sourire, les humains qui parlent aux betes me font tous rires... je ne sais pas pourquoi, mais c'est comme sa...

Je sens alors Lexia quitter la cuisine et passer derrière moi afin de venir poser les deux verres sur une table passe. Je remarque ce qu'elle a enlevé auparavant afin de faire un peut de place. Ces toiles et tout cet argile. Elle a vraiment l'air d'être une passionnée.
Je la regarde mais quelque chose n'a pas l'air d'aller pour elle et c'est ensuite qu'elle se redresse. Elle s'excuse auprès de moi et c'est avec un signe de la tête suivit d'un sourire que je lui fait comprendre que ce n'est pas grave.
Elle se dirige vers la cuisine et je la voit alors enlever son pull. Mon regard se tourne aussitôt vers la fenêtre où je regarde de nouveau la rue en face de moi.
Je ne veut pas qu'elle pense de moi que je ne suis qu'un obsédé mentalement perturbé, sa n'en est pas le cas, loin de là.

Suite à son invitation, je prend place sur le canapé, en face de la table basse. Je lui laisse alors une place et je la vit ouvrir la fenêtre un petit peut.
C'est suite à son action que je sens une infime quantité d'air frais s'engouffrer dans l'appartement.
C'est si agréable... cette sensation de fatigue et de bien être où l'on a l'impression de se sentir lourd.
Elle n'arrête pas de bouger, comme si elle ne pouvait pas tenir en place et c'est tout d'abord son paquet de cigarette dans la poche arrière de son pantalon qui la dérangea.
Je ne sais pas ce qu'elle a, peut-être est elle mal à l'aise avec moi.
Peut importe, je prend le verre d'eau dans ma main droite et je vient le porter à mes lèvres afin de boire quelques gorgées de la boisson qui redonne vie.

C'est ainsi que j'appelle l'eau car c'est véridique... je pense alors. Est ce que les hybrides et les vampires ont besoins d'eau pour subsister ?
Bonne question, je la noterai bien dans mon petit calepin mais pas en présence de Lexia, je ne peut pas lui révéler des informations qui pourraient compromettre toutes mes recherches.
Elle me montre d'un geste simple son appartement avant de m'adresser ces quelques mots qui me font réfléchir.
Mais je ne tarde pas non plus à lui répondre aussitôt.

« Mon appartement... il est en désordre, c'est indescriptible... je ne passe chez moi que pour me laver et dormir, je ne trouve jamais le temps pour le ranger... sinon, le tient est pas mal du tout ! »

Je marque un temps de pause avant de continuer.

« Pour ce qui est de mon boulot, je possède quelques diplomes de lettres qui pourtant n'ont rien à voir avec ce que je fait...
Tu sais Lexia, certaines choses sont dures à expliquer, d'autres sont parfois quasiment inexplicable.
Le métier que je pratique n'a rien à voir avec tous les autres et pour pratiquer ce métier, il faut au moins une fois dans ta vie assister à quelque chose... que tu ne pourrais pas voir à chaque coin de rue... »

Je fait bien entendu référence à la fois où j'ai vu ce vampire mordre dans la chaire d'un SDF dans une vieille ruelle de Paris.
C'était la première fois que je voyait une telle chose, quand j'y repense, sa me donne des frissons...

La façon dont il dit que mon appartement n’est « pas mal du tout » me fit rire. C’était le chaos total, entre les photos que j’ai réalisées, les peintures et les sculptures en chantier, il est loin d’être le genre d’appartement dont tout le monde rêve. Sauf si on trouve à ce chaos innommable un certain charme.
J’aurais voulu qu’il montre une hésitation dans ses propos avant de me répondre quant à ses occupations, j’aurait voir mes soupçons fondés, mais finalement je me mit à croire que c’était juste moi qui délirais, soupçonnant quelque chose d’étrange sous ses occupations journalières. Ca devait être ces substances que j’avais avalé qui me faisaient encore de l’effet, pourtant je me sentais presque « normale » bien que je ne le sois pas le moins du monde.
Enfin bref…
Quand j’entendis Alex parler de ce quelque chose auquel on assisterait une fois dans sa vie et qui ne se répète pas dans le temps, j’ai sourit tristement en pensant qu’effectivement, certaines choses étaient inexplicables et… très surprenantes. Déjà je repensais à Sarah sur le corps de ma sœur. Je revis son menton rougit, dégoulinant, de sang et son regard devenu rouge vif. C’était effectivement une chose que l’on ne voyait qu’une seule fois dans sa vie. Je priai pour ne plus jamais voir une telle monstruosité, mais la vue de cette… créature sur le corps de Karen me donna envie de vomir.
Je senti un violent coup de griffes sur ma main et la porta à mes lèvres avec un grognement. You n’était apparemment pas content, dans mes pensées j’avais arrêté de gratter sa tête ce qui lui avait apparemment déplu. J’ai traité l’animal de crétin et ai regardé les traces de ses griffes dans ma paume. L’envie de vomir revint, je prit aussitôt mon verre et avala une gorgée.

- Désolée… Je réfléchissais à ce que tu m’as dit. Un peu trop peut-être. J’ai du paraître… bizarre non ? Ainsi plongée dans mes pensées ? Enfin bref… concrètement, dans ton boulot, tu observes des choses qui sont… étranges en quelque sorte… Du genre qui feraient peur à quiconque et qui vous ferait froid dans le dos, qui vous donnerait des cauchemars ? Et… quel genre de choses exactement ? Des êtres mystiques dont on ne soupçonnerait pas l’existence ? Oulah… j’en viens à dire de ces bêtises moi ! Oublie ! J’ai honte d’avoir sorti de telles sornettes…

J’en avais trop dit, mais avait terminé sur cette petite blague, évoquant de loin ces êtres mystiques quin’étaient autre que les vampires… Il allait penser que je croyais aux vampires où aux momies, bref tous les trucs mystiques et un peu louches… alors il raconterait ça à des gens genre « j’ai rencontré une folle » et on me renverrait dans un hôpital.
Raaaah ! Il fallait que j’arrête avec ma parano ! Dès que je me montrais bizarre avec des gens, j’étais sure qu’ils allaient me renvoyer à l’asile ! Quelle immaturité ! Les gens n’étaient pas tous comme mon père ! C’est cette peur d’y retourner qui me terrorise !
J’ai tout de suite cherché un autre sujet de conversation, ne voulant plus penser à Sarah. J’ai cherché un bon sujet pendant quelques secondes.

- Moi, je passe mon temps, entre autres, à l’école d’Art de Paris. C’est pour ça que mon appartement est rempli de toiles et d’argile… Je suis montée à Paris pour faire cette école il y a quelques mois. Et toi ? Ca fait longtemps que tu es à Paris ? A moins que tu ne sois originaire d’ici ! Mais… je suis peut-être indiscrète.

J’y pense, est-ce qu’au fond j’ai vraiment envie de faire carrière dans l’art ? Cette école, c’était juste un prétexte pour venir. Mais ce que je veux vraiment, c’est quoi ? Une fois que j’aurais vengé Karen, qu’est ce que je ferais ? Je n’en avais aucune idée. Tout ce qui m’obsédait, c’était la vengeance.
J’ai reporté mon attention à Alex… Une fois de plus, je me suis demandé pourquoi je lui avait fait tant confiance que je l’emmenais dans mon appart… J’étais plutôt gênée en sa présence, peut-être parce qu’il avait du comprendre que j’étais du genre « junkie » et qu’il m’avait jugée comme les vieux jugent tous ceux qui sont différents d’eux, les originaux…
You se tire de mes genoux et va ronronner ailleurs, dans la cuisine je crois… Je m’en soucie peu et joue tranquillement avec mes doigts pour faire passer le temps.
Alex était plutôt sympa, il avait quelque chose de différent des autres. Ah non, je n’allais pas recommencer avec mes délires !
J’ai replié mes genoux sous mon menton et ai regardé Alex. Je me suis demandé si c’était dans le cadre de son travail qu’il était dehors à cette heure-là.

Une fois de plus, je jette un coup d'oeil sur l'appartement de Lexia. Certes c'est un vrai bizar mais je ne trouve pas cela très dérangeant.
De plus, je trouve son style dans la peinture et dans ses sculptures très plaisant, elle a du talent cette jeune femme. Maus au fait, pourquoi je suis ici déjà ?!
A oui, c'est vrai je suis tombé sur cette jeune toxico en plein Paris en plein milieu de la nuit, presque le matin pour ce qui travaille tôt et qui sont obligés de se lever à des heures plus que matinales.
Et pourtant, depuis tout à l'heure j'ai la ferme impression qu'elle a retrouvé son état normal. C'est étrange, je me rappelle de mes premières prises de drogue quand j'étais adolescent, je me souvient également que ses effets pouvaient durer plusieurs heures voir plus...

C'est vraiment étrange quand j'y repense, tous ces souvenirs qui ressurgissent.
Un léger frisson parcourt le long de mon dos et je manque de sursauter. C'est encore ce chat qui vient de griffer Lexia à la main.
Mais qu'est ce qu'il a cet animal. Je n'est rien contre les animaux à sa non mais je ne trouve rien d'intéressant en eux.
Ils sont si imprévisibles et solitaires que je ne voit pas l'utilité d'en avoir un chez moi.
Mais bon, revenons en à la situation !
Mais autre chose attire mon intention, le fait que Lexia est faite référence aux êtres mystiques... je ne sais pas si c'est du hazard mais elle n'a pas tord.
Que c'est frustrant de ne pas avoir si elle a fait exprès ou non de dire une telle chose. Je doit préparer une réponse au plus vite, ne pas laisser ce moment de silence s'éterniser...

« Folle ?! Non, je ne t'aurais pas suivis jusqu'ici si sa avait été le cas...
Des êtres mystiques ?! Peut-être que tu n'as pas tord tu sais... »

Non, je doit m'arrêter là, ne pas commencer à parler de ce genre de chose qui doivent rester privées.
Pourquoi révéler un aussi grand secret à une femme que je ne connait que très peut encore. Certes elle est gentille et très appréciable mais je doit attendre encore un peut.
Je doit lui changer les idées, tout de quite si je ne veut pas qu'elle se pose d'avantage de questions.

« Oublie ce que je vient de dire, c'est sans importance ! »

Voilà qui est fait, espérons qu'elle oublie vite cette partie de notre conversation désormais.
Mais qu'est ce qui m'a prit d'aborder ce sujet, j'aurais très bien put inventer un mensonge pur et simple pour l'envoyer sur une fausse piste mais il fallut une fois de plus que j'en dise trop.
Elle continue de parler, décidément elle n'est pas prête de s'arrêter. Peut-être que finalement elle a des choses à cacher sur notre précédente conversation sur les êtres mystiques.
Je n'est aucun moyen de le savoir mais je doit tenter le tout par le tout.
Je commence d'abord par lui répondre et ensuite, je lui pose une question pour aborder de nouveau le sujet si sensible.

« Paris... sa va seulement faire quelques années que j'y réside...
Et... je suis ici tout simplement pour mon métier qui necessite que je reste dans cette ville. »

Et oui car pour le moment, des cas de vampires et autres créatures n'avaient été recensé qu'à Paris même, notre chers Capitale de la France.
Mais... pourquoi cette ville et pas une autre, voilà une autre question qui vagabonde dans mon esprit sans réponse pour le moment.
Ce n'est pas important, je doit enchainer avec cette question sensible afin de voir sa réaction. Je la regarde dans les yeux avant de finalement lui demander.

« Et toi, Lexia, crois tu au paranormal ?! A ces êtres mystiques dont ti viens de parler ?! »

Normalement, seulement avec mon regard je pourrai lui faire comprendre que je suis au courant de quelque chose mais avec elle, je ne suis sûr de rien.
Je sens alors la présence du chat dans la cuisine qui détache mon regard de celui de Lexia. Sans importance, je la regarde de nouveau, attendant cette fameuse réponse qui pourrait me renseigner un peut plus sur elle...

Durant un court instant, Alex avait commencé à me dire que « peut-être » je n’avais pas tort en parlant d’être mystiques. Ce « peut-être » était décisif, d’ailleurs, les « peut-être » avait toujours eu leur place dans ma vie. « Peut-être » que si je n’étais pas née, Maman serait restée avec mon Père et ils auraient vécu heureux ! « Peut-être » que si j’avais été une meilleure fille, je n’aurais pas souvent tenu tête à mon Père ce qui nous a aujourd’hui amené à nous haïr. « Peut-être » que si je n’étais pas tombée amoureuse de ce garçon, je ne serais pas devenue folle. « Peut-être » ma vie aurait-elle été belle si je n’avais pas fait un tour dans cet asile ! « Peut-être » que si je n’avais pas fait autant confiance à Sarah, Karen serait avec nous aujourd’hui… Les « peut-être » dictaient ma vie. Ils voulaient tout dire.
Et là, il voulait dire que j’avais peut-être raison mais je pouvais tout aussi être en tort et délirer. Je n’en pouvais plus de ces deux mots qui semblaient me bousiller la vie : « peut-être », et voilà qu’un inconnu qui m’avait trouvée sur le Champ de Mars que j’avais ramené chez moi (pourquoi d’ailleurs ?) me parlait de peut-être.
Quelque part, je l’aurais haï de ressortir ces mots qui avaient hanté mes plus jeunes années et que j’avais fuit (entre autres) en montant à la capitale… Ah, destin quand tu nous rattrapes !

Puis il me dit d’oublier tout ce qu’il avait dit, comme quoi peut-être avais-je raison. Ouais, sauf que je ne voulais pas oublier. Sa façon de dire d’oublier me rappelait moi quand je veux cacher quelque chose à quelqu’un. Peut-être cachait-il aussi quelque chose…
Non Lexia ! Ne va pas commencer à délirer ! Tout le monde ne sait pas ce que tu sais, ce mec parle peut-être dans le vide pour faire semblant d’être d’accord avec toi !
Ca me fit repenser à une histoire qui était passée il y a longtemps sur TF1 : un type qui faisait semblant d’approuver tout ce que disait des jeunes femmes qu’il rencontrait dans la rue pour mieux les amadouer et les tuer ensuite.
Légèrement sceptique, j’ai regardé Alex, un frisson me parcourut. Est-ce qu’il se pouvait qu’il soit un genre de… dégénéré meurtrier en série ?
J’ai ensuite fermé les yeux et sourit en mon for intérieur. J’étais bête de lier des histoires sordides à un type qui avait tout du mec sympa. Franchement pathétique.

J’allais poser une question au sujet de ce que je devais oublier et que je ne voulais pas oublier quand il me coupa avec une question qui me glaça le sang.
Oooh, bonne question Alex… Est-ce que je crois au surnaturel ? Question piège ? Qu’elle le soit ou non, elle a réussit à me faire peur. Tout à coup j’ai l’impression que les battements de mon cœur s’entendent dans tout l’immeuble. C’est mon imagination… Relativise Lexia s’il te plait ! C’est sûrement une question des plus anodine qu’il pose comme ça, pas de quoi stresser. N’empêche, tout ce que je trouve susceptible de me rendre folle aux yeux des autres me terrorise !

Je reprends mon calme aussitôt et prit mon verre d’eau, but une gorgée puis renversa légèrement la tête en arrière, la cala contre le mur et regarda le plafond, songeuse. C’était ma méthode à moi pour ne pas le regarder dans les yeux et ça marchait. Un sourire flottant sur mes lèvres (pour cacher ma peur engendrée par la question) et je dis :

- Franchement, j’ai une tête à croire aux êtres mystiques ?

Je fis une moue, me disant que finalement, j’étais bien une junkie alors que je n’en avais pas spécialement l’air alors… pourquoi est-ce que je ne croirais pas aux êtres mystiques ? Hmmm, c’était un mauvais argument. J’ai continué :

- Sérieusement… Alex, ce n’est pas parce que tu m’as découverte sur le Champ de Mars en plein shoot que ça veut dire que je suis une junkie, une fille, qui croit en tout les êtres surnaturels et tout et tout… Mais quand j’étais gamine, j’avais l’habitude de parler aux fées autour de moi, rêver de ce grand lapin blanc qui disait toujours « je suis en retard » ou aux grands lions dans la savane… Oui, je croyais au surnaturel malgré tout ce que mon Père ou mon frère pouvaient me dire. Je les revois tellement bien : « A... Tu es folle... Lexia ! Les fées n’existent pas, les lions gentils non plus ! Et les lapins mordent, ils ont des yeux rouges horribles… Arrête de rêver. » Ils ont brisé mon monde imaginaire, c’est pour ça qu’aujourd’hui je suis une… « Rêveuse ». Pour reconstruire ce monde que ma famille s’était empressée de réduire en miettes.
Alors est-ce que aujourd’hui je crois aux êtres merveilleux des contes de fées, la réponse est simple : non. La vie n’a rien d’un compte de fées.
Mais est-ce que je crois en ces êtres mystiques dont on ne parle pas dans les livres pour enfants...

J’ai laissé ma phrase en suspens, je pourrais finir comme bon me le semblait en fonction de ce qu’Alex allait bien pouvoir me dire… J’espérais que ça allait titiller sa curiosité et que ça allait le pousser à parler et à se tromper, se trahir.
J’avais commencé en mettant les choses au clair : j’étais une junkie, je ’avais dit, comme une annonce officielle, on n’avait pas à revenir là-dessus. J’espérais au moins qu’il aurait le tact de ne pas revenir là-dessus. Ca me coutait déjà assez de le lui avoir dit officieillement même si lui comme moi le savions.
A un moment, j’avais failli commettre la bourde de ma vie, en citant ces phrases dont étaient bercées mon enfance : « Tu es folle Alexandra. » ALex… Alex… Que ce serait-il passé si j’avais continué comme si de rien n’était ? J’avais quand même assuré en continuant sans aucune hésitation. Tant mieux, mais il fallait que je garde mes défenses, j’étais trop bavarde ce soir ! Déjà à parler ouvertement des vampires, ensuite parler de ma vie d’antan.
C’était encore quelque chose que je ne voulais pas : aborder le plan familial.
J’ai redressé la tête et regardé Alex un instant avant de me relever avec mon verre vide à la main, prétextant que j’avais soif avant de foncer à la cuisine remplir mon verre.

Une fois dans la cuisine, je me suis blottie derrière le grand frigo pour qu’il ne me voie pas et je me suis mordue le bas de la paume sans retenue, de rage. Je n’en revenais pas du nombre de bourdes que j’avais fait ce soir. Il fallait que j’arrête ce suicide, ce massacre ! J’en suis venue à la conclusion qu’il fallait qu’Alex parte avant qu’il me fasse trop parler et me mette en danger en parlant de « cette folle ». Mais quelque part, je n’avais pas envie de le virer parce qu’il était plutôt sympa…

Je mourrais de peur de retourner Là-bas, dans ces chambres glaciales, blanches, avec ces hautes fenêtres et ces infirmiers qui faisaient des rondes, nous fouillaient pour être surs qu’on n’avait rien de dangereux. Non, jamais je ne me laisserais avoir. Jamais je n’y retournais.

J’ai arrêté de mordre mon poignet, ai stressé deux secondes en voyant la marque de mes dents profondément incrustée dans la peau. Quelque peu stressée par mon acte, j’ai commencé à masser de mon autre main la peau pour faire disparaître la marque, mais ça ne marchait pas totalement. Au bout d’une minute, deux minutes, j’ai arrêté et ai baissé les manches mon pull de façon à ce qu’on ne voie pas les marques, ai caché mes bêtises et ai respiré un grand coup, prête pour la comédie.

« Jamais je n’y retournerais. » C’est avec cette persuasion dans la tête que je suis retournée sur mon coussin, en face d’Alex, mon verre plein à la main, souriante.

[Ouah, j’ai écrit un de ces trucs^^]

Lexia... tu es une femme vraiment spéciale. Voici donc les mots qui tournaient en boucle dans mon esprit. Il est vrai que cette jeune femme a quelque chose d'étrange en elle, comme un vécu qui n'est pas donné à tout le monde.
Je ressent exactement la même chose pour ces êtres mystiques dont tous deux venons d'aborder le sujet quelques minutes plus tôt.
Je commence alors à me faire une idée sur elle, j'analyse et j'en tire une forte conclusion. Et enfin, elle me répond.

Encore une fois, elle détourne le sujet de base afin de virer vers la plaisanterie.
Puis... son visage change, elle prend de nouveau la parole. Elle parle, j'ai l'impression qu'elle ne va pas s'arrêter de si tôt mais c'est tellement agréable d'entendre sa voix.
Sa voix qui est pourtant si douce à mes oreilles. Pendant qu'elle parle, je regarde ses lèvres, elle en tremble un peut.
Ce n'est pas normal, il y a quelque chose qui ne va pas chez elle. Je suis encore tombé sur quelque chose d'intéressant, quelque chose qui pourrait peut-être venir compléter mon petit carnet de notes.

Elle me parle d'un passage de son enfance qui l'a marqué, elle me parle de fée, en gros de choses qui ne concernent pas ma question.
Car moi, je lui parle d'êtres qui existent réellement mais je ne sais pas elle soupçonne ou non leur existence.
Mais soyons fou et suivons mon coeur car je pense désormais qu'elle sait quelque chose mais je ne lui répond pas tout de suite.
Je la laisse agir seule face à ce silence des plus pesants, juste pour voir si elle va se trahir toute seule dans son comportement face à moi.

Enfin, je lui sourit, je ne lui laisse aucune chance de s'en sortir aussi facilement.
Dans ma tête, je lui répond intérieurement.
Une junkie, non surement pas, Lexia est tout sauf une junkie, je le voit et même si elle consomme de la drogue, rien que le fait de voir toutes ces oeuvres d'art qui m'entourent me fait penser le contraire.
Un père et un frère difficiles, je la plaint et j'espère que sa vie de maintenant est bien meilleure.
Je ne connait pas encore la réponse à cette question mais son explication se termine par quelque chose de vraiment intéressant.

Elle s'empêche de finir sa phrase alors qu'elle commençait de nouveau à parler des êtres mystiques.
Pourquoi a t-elle stoppée sa phrase dans un tel élan d'explications sans fin.
Je me gratte la nuque alors qu'elle s'en va dans la cuisine, son verre à la main.
Je la suis du regard, je ne la lâche pas une seule seconde. J'admire la beauté extérieure de Lexia et je regrette pour elle le fait qu'elle consomme des choses qui pourraient compromettre son avenir dans le domaine de l'art...

Ce n'est que quelques minutes plus tard qu'elle refait apparition dans le salon avant de venir prendre de nouveau place face à moi.
Ce regard, je sais lequel il est, sa y est, je tient la réponse à ma question.
Lexia n'est pas en confiance et elle sait très bien de quoi je veut parler en abordant les êtres mystiques.
Et c'est avec un léger sourire sur les lèvres que je sort délicatement mon carnet de note que je laisse tomber sur la table basse entre nous deux.
D'un geste de la main, je l'invite à le lire avant de la fixer de nouveau. Ce carnet renferme bon nombres d'informations vraies sur les hybrides ainsi que les vampires.

Voyons désormais la réaction de Lexia quand elle verre qu'elle n'est pas la seule à avoir vécu sans aucun doute une atrocité ou a être au courant d'un tel secret.
Rare sont les humains encore en vie alors qu'ils détiennent des informations de la sorte, des informations qui pourraient compromettre la vie de ces mêmes êtres mystiques...

Je le sens mal… Très mal, je sais pas pourquoi, mais j’ai l’impression que ce type lit en moi comme dans un livre ouvert, qu’il cherche à me confondre, qu’il me pousse à me trahir. Non mon joli, je ne me ferais pas avoir. Jamais. Je tiens trop à cette liberté retrouvée et je ne serais pas folle au point de réserver moi-même la place dans ces hôpitaux (bon, façon de parler…).
Je garde ce regard froid, dur. Déterminée à ne pas me laisser avoir par Alex, si gentil qu’il puisse paraître.
Je suis assise en face de lui, manches baissées au maximum sur mes paumes meurtries. Je ne me ferais pas avoir.
Un temps de silence durant lequel on se jauge, moi le regard dur. Je me préparais à lui dire un truc du genre « Il se fait tard, enfin… tôt… Il faudrait quand même que je dorme. » histoire de l’inviter à s’en aller quand il sort quelque chose d’une de ses poches. Un petit carnet. Ah, et alors ?
Qu’est-ce que ça peut me faire ?
Puis un geste de sa main. Une permission à ouvrir le carnet. Qu’est-ce qu’il veut bon sang ? Je le regarde, étonnée, un peu effrayée par ce qui se passe parce que je ne comprend pas, pendant quelques secondes.
Hésitante, j’ai prit le carnet de ma main intacte, d’un mouvement gauche, et ai regardé une dernière fois Alex, comme pour avoir l’assurance que je pouvais le lire.
Devant le manque de réaction de la part du jeune homme, j’ai ouvert. Je suppose que j’avais le droit de regarder.

Les pages étaient couvertes de notes en tout genre, des notes sur les vampires, les hybrides. J’ai eu un hoquet en lisant tout ce qu’il savait sur les vampires et sur ces… hybrides dont je ne connaissais pas l’existence auparavant. J’avoue, j’ai lu en diagonale les notes sur les hybrides, mais ai lu avec un intérêt sincère tout ce qui était écrit au sujet des vampires. Il y avait tellement de choses qui me rappelaient quelques scènes avec Sarah.
Je ne savais pas quoi dire, pas quoi faire. Je ne pouvais m’empêcher de lire tout ce qu’il y avait sur les vampires. C’était décousu, comme rajouté peu à peu.
Combien de temps cela faisait-il qu’il récolte tout ça ? Il y avait quelque chose écrit sur un SDF qui s’était fait mordre par un vampire. Il avait vu ça ? J’ai imaginé la scène, puis ce fut la vison de Karen en train de mourir qui remplaça la SDF et le vampire. Puis Sarah, le menton ensanglanté du sang de ma sœur. Je la revis se lever, lancer qu’elle était vengée puis partir par la fenêtre.

- Non !

Je refusais de m’en souvenir ! Pas maintenant. Je n’allais pas montrer mes faiblesses devant lui quand même ? Je le connaissais d’où ? Bon sang mais qu’est ce qui m’avait prit de le faire entrer ?
Les larmes aux yeux, j’ai refermé d’un coup sec le carnet et l’ai reposé aussi sec sur la table. J’ai tourné la tête pour cacher mes larmes, ai entrevu You se tirer par la fenêtre que j’avais ouverte plus tôt. J’ai essuyé mes larmes qui commençaient à couler. Franchement, j'étais pitoyable.

- ‘Tain… Pourquoi tu m’as montré ça Alex ? Ce n’est vraiment pas la bonne chose à faire. Vraiment pas… C’est horrible ces choses là !

Comme si je ne savais pas qu’il y avait des choses, des personnes qui étaient totalement différents… Mais je me bornait a faire comme si je ne savais pas, jouant de moins en moins bien la comédie. Le stress des acteurs vous comprenez…
J’ai retourné la tête vers lui et ai baissé le regard, fixant le carnet. Mes mains se touchaient, mes doigts jouaient les uns avec les autres, trahissant la cascade de sentiments qui me prenaient. Mais je me foutais de ce qu’il pouvait traduire de mes gestes, il savait déjà, j’en étais sure.
N'empêche, quelque part j'espérais qu'il soit assez fou pour être crédule et croire que je ne savais rien... Espoir bien futile.
J’ai jeté un regard à la porte de ma chambre, ai repensé à toutes les infos que m’avaient fait lire Alex puis me suit dit que quand même… Et peut-être après tout, que j’avais besoin de parler de Ca à quelqu’un…
Non, arrête de délirer ma fille ! C’est peut-être que des conneries tout
ça ! N’empêche que… Une petite voix dans ma tête me disait que c’était vrai, mais ma nature méfiante prit le dessus.
J’ai prit le verre et ai bu une gorgée pour m’empêcher de m’écrouler en larmes devant lui.
Le masque de dureté que j'aurais voulu adopter s'était évanoui, avait disparu.

- Alex pourquoi tu m’as montré ça ? C’est completement…

Fou ? C’est un ramassis de sornettes ? C’est ce que j’avais prévu de dire,
mais en fin de compte, je n’avais même pas la force. J’ai laissé tomber et ai séché une dernière larme. Je savais que tout ce que je venais de lire était trop, terriblement vrai. Mais au fond, je commençais à avoir peur. Dans quoi étais-je entrée en allant à Paris me venger de Sarah ? Est-ce que je pourrais seulement y arriver sans mourir ?
Mes pensées égoïstes me tuèrent. J’ai arrêté de penser ainsi et me suis dit que c’était pour Karen que je le faisais.

Voilà que mon carnet est face à elle, Lexia n'a plus qu'à le prendre afin d'en prendre connaissance.
Je ne dit plus rien, je ne fait également plus rien du tout... je me contente de la regarder droit dans les yeux car ce qui va suivre est vraiment très important pour elle et moi.
Je vais désormais savoir si elle sait des choses ou non et si sa n'en est pas le cas, je devrai alors l'oublier à jamais et sortir de sa vie ainsi que de ses souvenirs.

Enfin, la voilà qui prend enfin le carnet dans ses mains. Je ne ressent alors aucun sentiment de satisfaction ou autre et j'appréhende plus que tout sa futur réaction.
Espérons seulement qu'elle n'est pas une pulsion meurtrière et qu'elle se mette à avoir des envies de me tuer en lisant mon carnet de notes.
Enfin bon, tout devrait bien se passer car je suis désormais sûr et certain que Lexia connait l'existence des vampires mais pour les hybrides, rien n'est encore certain.
Son visage est si... interrogateur, un léger frisson me parcoure, peut-être que je suis entrain de lui apprendre des choses dont elle n'avait jamais soupçonnée l'existence qui sait...
Puis son expression change tout à coup. Ce n'est visiblement pas ce que je croit car mon idée est enfin fondée en voyant son regard posé sur les pages de mon carnet.

Puis elle crie un grand « Non »... pourquoi, sa je ne vais pas le savoir tout de suite.
Je la laisse alors seule face à tout un tas de questions, c'est sur qu'elle doit être dans un sentiment d'incompréhension face à moi.
Et en même temps, c'est bien aussi la première fois pour moi que je rencontre une personne qui elle aussi connait ces êtres mystiques.
Ce qui veut donc dire que nous sommes déjà deux à Paris, deux à représenter une menace pour ces créatures venant d'ailleurs.
Et la voilà désormais qui fond en larme, sentiment que je comprend tout à fait et enfin, elle dit quelque chose de censé.
Elle a l'air de m'en vouloir alors je me lève et fait un pas et demi en avant, contournant la table basse avant de venir me poster devant elle.
Je me baisse et me met accroupi alors que je continue de la fixer de là où je suis.

Je jette alors un coup d'oeil sur le carnet à mes cotés sur la table basse alors qu'elle me regarde de nouveau, baissant la tête.
Et plus par compassion qu'autre chose, je pose ma main droite sur son épaule du même coté tout en continuant de la regarder.
Un léger sourire sur les lèvres, je laisse un petit moment s'écouler avant de finalement l'écouter de nouveau.
Je ne sais plus quoi lui dire, je sais en revanche qu'elle joue la comédie mais il y a là quelque chose d'étrange en elle.
J'ai l'impression d'avoir éveillé un ancien souvenir douloureux qui dormait depuis longtemps dans son esprit.
Que faire à part l'écouter parler et la regarder agir mais... je doit désormais la laisser, j'ai bien peurs que ma présence ne la dérange de trop.
Enfin, elle semble reprendre ses esprits et après une gorgée d'eau, elle me repose une question... enfin, le début d'une phrase qu'elle ne réussit pas à finir.

Mais j'ai prix ma décision, c'est décidé ! Je doit désormais la laisser si je ne veut pas éveiller d'autres souvenirs enfouis en elle.
Je me lève alors tout en prenant mon carnet que je fait passer devant ses yeux avant de finir par le ranger de nouveau dans ma veste.
Ce geste n'était pas fait exprès loin de là mais en revanche, je laisse tomber un petit papier blanc de ma poche.
Là, c'était volontaire. Sur ce même papier, il y avait écrit mon numéro de téléphone ainsi que mon adresse.
Je n'est pas l'intention de la lâcher aussi facilement à sa non...

La regardant de haut, je me baisse à nouveau vers elle afin de lui déposer un très léger baiser sur le haut de la tête afin de la rassurer un peut plus.
Enfin, je me dirige vers la porte de son appartement que j'ouvre lentement tout en continuant de la regarder, je lui dit.

« Bien, il semble que nous nous soyons tous les deux compris ! »

Ceci dit, je n'attend pas de réponse de sa part et me voilà déjà dans le couloir, refermant la porte derrière moi.
Direction... mon appartement afin de me reposer un peut...

Je ne sais pas quoi faire, franchement. L’idée que ce type sache que je croyais, que je connaissais l’existence de ces vampires, et désormais de ces « hybrides » me terrifiait. Je n’arrivais plus à dire un mot…
Pendant ces longs instants d’hébétude, je le vois prendre son carnet, le ranger. Un papier tombe sur la table. Je ne fais rien. Je n’en ai pas la force ou alors c’est que je ne pense à rien d’autre qu’à cette heure qui m’a prises ? Ca y est, la peur va recommencer, on va me prendre pour une folle, on va me critiquer, m’accuser, m’enfermer.
Je vois déjà l’enfer arriver, prévois de partir.
Puis une petite voix me dit de relativiser. Quand je reprends mes esprits, Alex est accroupi devant moi. Je ne l’avais pas vu bouger. J’ai légèrement tressailli en me rendant compte que j’avais vraiment perdu tous mes moyens et qu’il est désormais bien plus proche de moi qu’avant.
Je baisse mes manches.

C’est là qu’il m’embrasse sur le front. Je suis tellement surprise que je recule légèrement. C’était quoi ça ? Pourquoi est-ce qu’il avait fait ça ? Me toisant de toute sa hauteur (il s’était relevé), il me dit que nous nous sommes compris.
Il a comprit quoi ? Que j’étais folle ? Que je connaissais l’existence de monstres effrayants ? Il y avait tellement de choses à comprendre !
Un instant plus tard, il a disparu.
Alors je commence à avoir peur, toute seule dans l’obscurité, petite fille paumée dans le matin.

Je n’ai pas envie d’aller dans ma chambre, dans mon lit, de m’endormir avec toutes ces photos de Sarah, de ma sœur morte… J’ai apprit bien plus de choses sur les vampires ce soir qu’en une longue année.
Je n’ai même plus envie d’ouvrir la porte de ma chambre.
Je saisit un bloc dans mon étagère, un stylo et note frénétiquement tout ce que j’ai lu dans le carnet d’Alex. Je note, note encore et encore, me rappelle, cherche ce que j’ai lu. Un bon moment passe puis je repose, satisfaite mes feuilles. J’en ai noircies plusieurs.

Je vois, sur la table, le papier tombé de la veste d’Alex. Curieuse (eh oui, quand même), je la prend et la regarde. Son nom, adresse, téléphone.
J’ai sourit… Il était malin ce type…
Avec ce même sourire aux lèvres, je suis allée fermer la fenêtre, un peu effrayée pour ma sécurité par tout ce que je venais de lire, puis me suis allongée sur les coussins, au sol.
Envie de dormir, mais pas dans ma chambre. Pas ce soir. Un autre jour.
Peut-être.
Un jour.

Et j’ai commencé à rêver, me promettant de ne plus le revoir, plus jamais, mais toujours ce sourire aux lèvres.

» Alex
» Alex Moore
» Balade au calme [Alex]
» The moon was high in the sky [Alex]
» Appartement d'Alex Moore