Un raton chez le serpent

>> Le marais, librairie

Lui qui était méfiant et presque agressif devient aimable limite mielleux... J'ai du dire un truc qu'il ne faut pas... Quoi donc ? Ah oui, j'ai invité un voleur chez moi. Bah, je n'ai rien de valeur de toutes façons si ce n'est mon Reflex. Je dis alors:

"C'est comme tu veux, c'est par là..."

Et je lui tourne le dos pour prendre la route de mon appart. Il me suit. On passe par les petites rues et on finit par arriver devant mon appart. J'ouvre la porte vitrée et lui indique le salon. Je laisse mon sac en bas des escaliers et lui indique le chemin pour monter.

"Fais pas attention au bordel."

Je monte derrière lui et ouvre mon armoire pour en sortir un T-shirt généralement moulant quand je le porte et un short. Un bouton me permet de fermer tous les rideaux de l'étage en même temps et je le mets en garde:

"Je ne pense pas que mes voisins passent leur vie à m'espionner, mais aucun attribut hybride ne doit être visible quand tu es en bas, question de survie. Ici, par contre, aucun danger."

Je vais pour redescendre et lui désigne la porte sur ma gauche, en lui indiquant que c'est la salle de bain, avant de m'engager dans les escaliers. Arrivé en bas, je sort le livre de mon sac, le regarde un instant et le pose sur la table basse.

*Tout ça pour ça...*

Je soupire.

Bon, finalement, j'ai pris aucune photo, j'ai pas eu le temps. Je me laisse tomber dans le canapé et passe mes mains sur mon visage. Qu'est-ce qui m'a prit d'amener ce gosse chez moi ? J'attrape finalement le livre et en ouvre la première page...

Le cobra me traine à sa suite à travers la ville, évitant avec soin toute rencontre fortuite avec un quelconque agent des forces de l'ordre, le ciel lui en soit gré. Plus vite que je ne l'aurais cru, nous débarquons dans le hall d'un petit loft fort simplet et agréablement meublé. Le "fais pas attention au bordel" me semble de trop, à moi qui suis habitué à dormir dans les poubelles. Je soupire en le regardant fouiller dans une armoire et avant d'avoir eu le temps de glisser le plus minime des "c'est sympa chez toi" il me met des vêtements dans les bras et redescend. Je profite de son absence pour couler mon regard de chapardeur tout autour de moi. Je suis bien déçu de constater que l'appart va de paire avec le style de l'hybride señor; simple et sans fioriture. Pas de dorure, pas de tiroir, pas de pièce de monnaie qui traîne sur le sol. Un brin tristounet, j'entreprends de me changer. Le t-shirt est trop grand pour moi et les shorts sont … des shorts. Je grimace, gardant mes pantalons sur moi pour descendre rejoindre mon hôte.

-Euh, j'peux pas porter ça bonhomme, je glisse une fois que mes pattes se posent sur le plancher du rez-de-chaussée.

Il lève les yeux de son livre et me regarde. Je porte mes lunettes relevées sur mon crâne, ce qui dégage mes yeux et mon visage de l'éternelle tignasse toujours un peu sale qui le recouvre. Le type me demande pourquoi. Sans tiquer, je plonge la main à l'arrière de mon pantalon sous son regard ébahi. Je manque de rire, mais me contente de sourire, amusé. C'est vrai qu'on doit se demander ce que je trafique. Avec soin, je ressors ma longue queue touffue qui vient se couler contre mon cou, contente d'être libérée de sa prison de jeans.

-Raison un, 'sont trop courts, elle dépasse. Raison deux, c'pas assez large, ça va m'faire une bosse et côté discrétion j'ai d'jà vu mieux.

Je lui relance son short avant d'user de ma queue pour faire retomber mes lunettes devant mes yeux. Ce n'est pas que ça m'intimide de me balader les yeux nus, mais il y a bien un peu de cela.

Il descend me dire que le short ne lui va pas. Où est le problème ? Je détaille un instant, il a remonté ses lunettes dévoilant de lui même la particularité de ses yeux. Serait-ce la preuve qu'il commence à se sentir en peu en confiance ? Et là, il me sort... une queue ! Ok, il est en confiance, mais un peu trop !

Une queue ! Au milieu de mon salon ! Je me lève d'un bond et lui désigne les escaliers d'un geste autoritaire en hurlant presque:

"Remonte ! Tout de suite ! Pas de dicutions ! Monte, abruti !"

Et joignant le geste à la parole je fonce sur lui et le tire derrière moi dans les escaliers avant de le pousser vers mon lit. Je le regarde, furieux.

"Pas d'apendices hybrides en bas ! Qu'est-ce que tu ne comprends pas là dedans ? Tu n'as pas remarqué qu'à la place des murs c'est des baies vitrées chez moi ? Mais t'es inconscient ma parole !"

Je remarque que je suis essoufflé tellement je suis en colère et mon regard n'est certainement plus aussi envoutant que d'habitude. Je me force à me calmer, à reprendre ma respiration alors que mon regard ne le quitte pas une seconde. Je finis par me retourner vers l'armoire et je l'ouvre. Je lui lance alors sans prendre la peine de chercher moi même:

"Viens voir si y a quelque chose qui peut faire l'affaire, sinon t'aura qu'à garder ton jean, comme tu le dis toi même, des ados en jean y a que ça dans les rues..."

Mais qu'est-ce qui lui prend bordel de merde ? Il a jamais vu ça ou quoi ? Non mais je rêve, me traiter de manière aussi sauvage après m'avoir gentiment offert des vêtements. Je savais que ça cachait quelque chose cet air trop sympatoche envers moi. Ça m'apprendra à ne pas me méfier plus des gens. Moi qui croyais que les hybrides étaient tous sympas, me suis gouré faut croire. Je grommelle alors qu'il m'oblige à courir derrière lui dans l'escalier. Saleté de reptile, je songe amèrement. Faut pas se fier à ces bêtes là. Ça fait combien de fois qu'il me tire derrière lui comme ça ? Trois en une journée ! Faudrait pas que je prenne l'habitude de me faire trainer comme un bébé, car j'en suis pas un. Non mais … merde !

-…Tu n'as pas remarqué qu'à la place des murs c'est des baies vitrées chez moi ? Mais t'es inconscient ma parole !

J'essaie de me remémorer ce que je voyais en bas. Oui en effet, je voyais toute la rue. Et oui en effet je me souviens avoir vu tout l'intérieur du… dedans avant de rentrer. Je baisse la tête, honteux d'avoir laissé échapper un truc aussi facile à voir et furieux contre moi-même. J'ai pas l'habitude moi, de vivre comme si j'étais dans une télé. J'ai même pas l'habitude de vivre quelque part. Non mais… merde !

Je me traîne à sa suite pour fouiller les armoires comme il me l'indique. J'oublie bien vite que je cherche des vêtements. Mes yeux curieux et habitués se mettent d'eux même à chercher quelque chose de brillant, quelque chose à ajouter à ma collection, quelque chose qui ait de la valeur. Mais malheureusement, rien de tout ça. Je ferme la porte de l'armoire d'un coup sec et me plante devant le gars.

-J'vais garder mes jeans, je dis. 'sont confos pis j'ai pas l'habitude d'porter aut'chose. – je lorgne sur le t-shirt coloré – Mouais… pas l'habitude.

Je regarde un moment autour de nous, puis du tac au tac, je lance : bon ben j'pars.

-J'vais t'épargner d'endurer la présence d'un parasite dans ton vivarium.

Aussi sec, je tourne les talons vers la porte, prêt à ficher le camp d'ici aussi vite que possible.

[t'fais c'que tu veux avec… retiens… part… don't care ^^]

[il est chiant ton perso, il veut pas rester un peu ? *soupire*]

Un vivarium ? C'est quoi ça ? Une insulte ? Il est hybride, lui aussi, non ? Pourquoi se moque-t-il de moi ainsi ? Je n'apprécie pas vraiment ce genre de traitement après lui être venu en aide. Je l'attrape par l'épaule et le plaque contre l'un des rares murs. Sans hésitation, je plonge mon regard dans le sien. Je sais que ça fait toujours son petit effet ce genre de choses. Je lui dis alors d'une voix calme et menacante:

"Tu sais que les serpents mangent les mamifères, Racoon ? Alors, arrête de te foutre de moi !"

Je le relache mais mon regard le tien aussi surement que ma main. Cet instant dure un moment puis je reprends la parole:

"Ne crois-tu pas que les humains sont suffisamment médisant sur nous ? Il faut que tu en rajoutes une couche ? Si tu veux te barer, barres-toi, je m'en moque."

Je lui tourne le dos, rompant le contact visuel et donc le lien entre nos yeux. Je retourne m'asseoir sur mon sofa et attrape le livre que j'avais laissé tomber quand il est descendu s'hexiber devant moi. Qu'il parte s'il le veut, j'ai essayé de l'aider, il n'a pas voulu, ce n'est plus mon problème.

[A toi de faire ce que tu veux maintenant...]

[ark ... c'est vraiment nul ... je suis pas inspiré ... j'crois que j'ai épuisé le sujet ... fais partir Dylan au prochain post XD au pire on s'refera un topic, mais celui là ... à sec :P ]

Quand ses mains me lâchent, j'ai toutefois cette impression désagréable que je suis toujours prisonnier. Je dois dire que j'ai été plutôt pris de court quand il a bondi pour me plaquer au mur. Moi, le petit animal qui déteste se sentir coincé, j'ai senti tous mes muscles se bander de terreur quand il a prononcé cette phrase dure et crue. Tu sais que les serpents mangent les mammifères, Racoon ? Alors, arrête de te foutre de moi ! Oui. Oui je le sais, et c'est d'ailleurs pour cette raison que je n'ai aucune envie de traîner dans cette maison. Tu me fiches la trouille, autant tes yeux zarbis que ce que ton corps respire. J'ai peur des serpents, ils me rendent fou. Et devant quoi je suis depuis tout à l'heure ? Un cobra ! C'est normal que j'aie envie de ficher le camp.

Il finit par détourner les yeux, et retourne s'asseoir sur le divan, me laissant un peu pantelant, appuyé le dos au mur. Il me laisse libre de partir, toutefois je ne bouge pas. J'ai l'impression qu'un tout petit geste peut l'énerver, bien que je sache que c'est idiot.

-J'suis pas inconscient, je siffle, méfiant. C'est ta maison qu'est idiote. On s'croirait dans une boîte avec le public dehors. Tu veux pas t'exhiber aux yeux des humains, mais tu t'cloîtres dans un écran de cinéma pour eux.

Je fais un petit geste pour épousseter le t-shirt qu'il m'a donné.

-C'est juste que j'comprends pas pourquoi un hybride viendrait s'installer là-d'dans quand il sait qu'il doit s'cacher d'tout le monde.

Je lève mes yeux de mon livre et le regarde un instant. Sa question est pertinante. Je l'observe encore avant de me décider à répondre:

"Il y a deux raisons. La première est simple, c'est le seul loft qui était dans mon budget. La deuxième... plus tu te caches plus tu es suspect. Je veux vivre parmi eux, je veux être comme eux. J'ai la possibilité de le faire parce que mes mutations sont discrètes alors je veux en profiter. Je me mêle à eux, je vis au milieu d'eux. Je me montre, oui, et plus je me montre moins ils peuvent avoir de doutes."

Je me tais. Je ne pense pas qu'il s'attendait à ce que je lui donne une vraie explication. Lui, n'a pas ma chance, j'en ai parfaitement conscience pourtant il est comme moi, pour survivre il doit se mêler aux humains, il doit se cacher parmi eux. Pas à côté, loin et séparés, non, au milieu d'eux, comme moi. Je reprends alors:

"Tu sais, Dylan, malgré tes yeux, malgré ta queue, malgré les autres mutations que tu ne m'as pas montrées ou que tu n'as pas encore... Malgré tout ça, toi aussi tu peux vivre avec eux, parmis eux, au milieu d'eux. J'en suis persuadé."

Je vois bien à son attitude qu'il ne crois pas un mot de ce que je raconte. Que je ne connais pas sa vie, que je ne sais rien de lui... Il a certainement raison mais je ne peux m'empecher d'avoir cet espoir... L'espoir que les humains et les hybrides puissent vivre ensemble.

[bon ... nous y sommes XD ]

"Tu sais, Dylan, malgré tes yeux, malgré ta queue, malgré les autres mutations que tu ne m'as pas montrées ou que tu n'as pas encore... Malgré tout ça, toi aussi tu peux vivre avec eux, parmi eux, au milieu d'eux. J'en suis persuadé."

Non mais qu'est-ce qu'il croit ? Il ne connaît rien de moi, sinon il saurait que je passe mes journées au milieu des humains, à prendre des risques. Je vie en société mon vieux, on m'a jeté dedans à coups de pied au cul et ça fait longtemps que je sais que je peux cacher mes … mes anomalies.

-Y a pas plus "au milieu des humains" qu'moi mon grand, je souffle sans émotion. Pas b'soin d'une vitre pour "passer inaperçu".

Je regarde autour de moi, je regarde l'homme. Je veux bien qu'il soit plus vieux, mais il n'a probablement pas plus d'expérience que moi pour ce qui est de la vie en communauté, de la vie d'un monstre. Je renifle et détourne mon regard, analysant les diverses sorties possibles. Le voleur que je suis envisage de sortir par la fenêtre, mais mon statut d'invité me pousse à me tourner vers les escaliers.

-J'perdrai pas plus d'temps ici. Merci pour le chandail, merci pour l'aide, mais salut.

Je descends les premières marches en lui criant qu'on va sans doute se revoir un jour, bon gré mal gré, mais que ce jour n'a pas à se presser. Et peut-être que là, des choses auront changé, mais sincèrement… j'en doute. Rapidement et furtivement, je ressors de la maison et me fonds dans le décor, marchant d'un pas normal. Je ne mets pas de temps à rejoindre une rue plus bondée et à me fondre dans la masse de piétons.