Je ne suis qu'un artiste [pv Nathan]

Je n'ai pas peur de la route que j'ai à parcourir à chaque jour. Je veux dire, pour être logé et nourri, tout ce que j'ai à faire, tous les jours, c'est marcher, creuser, et faire semblant de chercher une bague cachée en dehors de la ville. Ce vampire est vraiment le pire des abrutis s'il croit qu'il va un jour récupérer ce qui lui a déjà appartenu mais qui maintenant, m'appartient. Jamais, Ô grand jamais, Dylan DaCosta n'a redonné quelque chose. JAMAIS ! Dylan prend, Dylan possède. Dylan ne vole pas, il aime ce qui brille, voilà tout. Dylan est un artiste de la rue, plongeant ses petites pattes agitées dans les poches des gens sans qu'ils ne s'en aperçoivent.

Le parfum d'une femme m'attire soudainement. Parfum distingué – et donc qui me pique le nez – est égal à argent, et argent est égal à possessions brillantes. Je plisse le nez, essaie de localiser l'odeur. Ça me prend à peine trois quarts de seconde et demi. En un clin d'œil, la dame, à qui je fais un compliment sur la douceur de sa peau, se retrouve avec une bague en moins. Un joli anneau serti d'une pierre qui brille. Je souris, ravi, et m'éloigne de ma victime avant qu'elle se rende comte de la disparition. J'ai été habile, comme d'habitude. Elle ne devrait s'en apercevoir qu'une fois chez elle, et ne fera jamais le lien avec cette disparition et l'adorable gamin qu'elle a croisé dans la rue. Elle croira seulement l'avoir perdue et demandera à son mari de lui en offrir une autre. Yep, yep, c'est comme ça qu'ils font les gens qui ont les moyens, les autres, ils prennent.

Je marche dans les rues de la ville, sifflotant gaiement, jusqu'à une petite ruelle que je connais bien. Je bifurque à cet endroit, me laisse glisser contre le mur puant les ordures – un peu comme moi, quoi – et je sors la bague de ma poche. Crachant dessus, je la frotte et la frotte encore avec mon t-shirt, lui faisant retrouver un éclat qu'elle n'avait sans doute jamais eu. Sa propriétaire n'en prenait pas soin. Moi, je vais la donner à ce pompeux de vampire, comme si je croyais que c'était la sienne… Il verra au moins que je fais des efforts. Enfin, je crois.

-Et voilà le travail, je fais en lançant la bague dans les airs d'une pichenette.

Je sursaute quand des pas résonne à l'entrée de la ruelle, et je m'empresse d'attraper l'objet au vol pour le fourrer dans la poche de mon jeans, où elle va rejoindre trois colliers, un portefeuille en fausse peau de croco et un horrible porte clé arborant une queue de raton, que je n'ai pris que pour punir son propriétaire. Une queue de raton … un ornement … je sais bien que c'est joli, mais quand même…